Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du numérique représentent 3,5% du total mondial des émissions aujourd’hui (5,5% en 2025) selon l’Arcep, mais également 5,5% de la consommation mondiale d’électricité et 7,8 millions de mètres cubes d’eau douce chaque année.
Si le débat à ce sujet se concentre souvent sur l’impact des mails, pièces jointes, box wifi allumées et autres éléments digitaux considérés comme immatériels, qu’en est-il vraiment de l’empreinte environnementale du numérique et de ses composantes plus matérielles ?
I. Mesurer son empreinte numérique
1. Postes d’émissions
Mesurer son empreinte numérique est très complexe, car ses sources d’émissions de GES sont très nombreuses au long du cycle de vie des nouvelles technologies d’information et de communication (NTIC).
Dès la fabrication des équipements électroniques, en comptant smartphones, écouteurs, chargeurs, tablettes, ordinateurs mais aussi serveurs, l’extraction de matières premières et la production de composants électroniques, leur assemblage et leur transport, les émissions de GES sont importantes. La consommation d’énergie lors de ces étapes et les sources fossiles qui y sont associées doivent également être prises en compte.
Ensuite, leur utilisation représente aussi une part importante de l’empreinte carbone du numérique, principalement à cause des centres de données énergivores qui permettent le fonctionnement des appareils électroniques connectés au réseau et de l’électricité consommée par les terminaux allumés.
Enfin, la fin de vie des équipements électroniques doit intégrer la mesure de leur impact. Le recyclage des composants et la gestion des déchets électroniques ont une part moindre de l’empreinte carbone, mais néanmoins importante.
Les émissions de GES du numérique peuvent donc se décomposer en trois postes, dont l’impact principal est dû à la fabrication et à l’utilisation :
Les terminaux utilisateurs : tout équipement électronique (smartphone, téléviseurs, ordinateurs, etc.) ;
Les réseaux de communication ;
Les centres d’information ou data centers qui hébergent les données dans des hangars climatisés.
2. Méthode de calcul de l’empreinte carbone du numérique
La méthode utilisée par toutes les études, dont celle de Green IT sur laquelle nous nous appuyons, est l’Analyse du Cycle de Vie (ACV), qui consiste à décomposer les étapes qui constituent la vie d’un équipement afin d’évaluer en détail les impacts environnementaux de chacune de ces étapes.
Même si on voit que l’utilisation du numérique est la source de 56% des émissions de GES, dans le détail, le pôle le plus émetteur, à l’origine de 40% de celles-ci, est la fabrication des terminaux utilisateurs.
Source : Tableau Bilan émissions de gaz à effet de serre, 2019, empreinte environnementale du numérique mondial, GREEN IT.
Plusieurs bases de données de référence intègrent l’empreinte carbone du numérique. C’est le cas du GHG Protocol, ou de la Base Carbone de l’ADEME et du tableur de l’Association Bilan Carbone® qu’Entracte utilise pour calculer les Bilans Carbone® de ses clients (cliquez ici pour en savoir plus sur notre méthodologie de calcul de bilans d’émissions de GES). On note en particulier qu’il faut prendre en compte plusieurs paramètres dans cette mesure, car l’empreinte carbone d’un mail dépend par exemple de sa taille, de son nombre de destinataires, du type de connexion et de l’appareil utilisé, ou de s’il contient des pièces jointes. L’impact des vidéos (visio-conférence, streaming…) est aussi très important et croissant, puisque cela correspond à 60% du trafic de données et 80% de l’augmentation du volume annuel mondial de données d’après l’étude Lean ICT du Shift Project.
Les émissions de GES liées au numérique ont donc un impact environnemental important, mais ce n’est pas le seul ! En effet, 63 millions de tonnes de ressources sont dédiées par an à la production d’infrastructures et d’équipements pour le numérique. Cela fait que le taux d’équipement individuel est très élevé, avec 8 équipements par utilisateurs en moyenne dans le monde, et 15 pour les français de 12 à 65 ans. Cela implique de fortes tensions sur les ressources, puisque la production d’un ordinateur de 2 kg requiert 600 kg de matières premières et 1,5 tonne d’eau douce. Côté déchets, la production d’une puce de 2 grammes implique le rejet de 2 kg de déchets.
II. Leviers d’action pour réduire son empreinte numérique
Différents leviers de réduction existent afin de réduire son impact environnemental. L’impact de chacune de ces actions dépendra de l’utilisation du numérique de chaque entreprise. Dans un premier temps, il est donc essentiel de faire un inventaire de son utilisation du numérique et de simuler son empreinte numérique. Quelques bonnes questions à se poser pour commencer sont :
Quels appareils numériques mon entreprise possède-t-elle ?
Quels services numériques utilise mon entreprise ? Où sont-ils hébergés ?
Quelle est l’utilisation du numérique de chacun de mes collaborateurs ? Consommation d’énergie, e-mails, stockage de données, utilisation de logiciel, visionnage de vidéos, visioconférences…
Pour chacune de ses questions, des leviers d’action différents sont possibles. Afin d’organiser vos actions, il est possible d’estimer l’empreinte numérique de chacun des appareils, services et de leur utilisation. Cela vous permettra de prioriser les actions que vous souhaitez mettre en place, en commençant par les plus impactantes.
Concernant l’impact des appareils numériques, chaque appareil a un impact très élevé en termes de d’émissions de GES et d’utilisation des ressources, particulièrement quantifiable grâce au “sac à dos écologique”. Pour réduire cet impact, il est recommandé de :
Augmenter la durée de vie de chaque appareil notamment grâce à un achat favorisant la durabilité (p. ex. indice de réparabilité qui devient l’indice de durabilité), un entretien régulier, et la revalorisation des appareils non utilisés (réemploi, don, reconditionné, recyclage…).
Réduire l’achat d’appareils numériques et favoriser les appareils reconditionnés, la low-tech et le partage dès que possible.
Concernant l’utilisation du numérique, les leviers d’actions principaux sont :
Avoir un usage raisonné des services numériques et évité l’achat excessif de services (p. ex, réduire l’offre des forfaits téléphoniques, ne pas laisser des services numériques non utilisés stocker des données, optimiser des stockages de données, supprimer les données non utilisées, optimiser le site internet de l’entreprise notamment avec des images et paramètres adaptés…).
Favoriser des data centers locaux, alimentés par des énergies décarbonées (comme en France), qui favorisent le free-cooling plutôt que la climatisation, et qui opte pour une température ambiante plus élevée.
Réduire l’utilisation du numérique de chaque collaborateur grâce à la réduction de la vidéo et des e-mails (p. ex. réduire la qualité des vidéos visionnées et des visioconférences, supprimer les pièces jointes lourdes des e-mails, supprimer les e-mails et notifications inutiles, favoriser des formats d’image plus légers et adaptés (svg ou jpeg plutôt que png), mise en veille des appareils…).
Toutes ces solutions ont un impact plus ou moins important sur l’empreinte des entreprises. Cependant, la facilité de mise en place de l’action et son impact dépendront de la taille et de l’utilisation du numérique de l’entreprise. Il est donc primordial d’identifier ces aspects en amont, de les quantifier et de les hiérarchiser afin d’embarquer ses collaborateurs sur le long terme et d’obtenir des résultats concrets.
Conclusion
Mesurer l’impact environnemental du numérique n’est donc pas une tâche aisée. Mais le nombre d’éléments à prendre en compte dans cette analyse offre également la possibilité de le réduire grâce à plusieurs leviers d’action ! Grâce à des normes de comptabilité carbone et à l’évaluation de votre impact lié au numérique, nous sommes en mesure de vous proposer des recommandations concrètes et quantifiables pour améliorer votre empreinte carbone.
Pour aller plus loin, nous vous recommandons cet article sur le Green IT et le numérique responsable ainsi que les réglementations en vigueur !
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Simuler son empreinte numérique pour identifier des leviers d’action → https://impactco2.fr/usagenumerique
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